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Extrait de "Moments" :

Dans les pas de l'Aube

C'est l'Eté

 

    Ogier s'est enraciné dans le sol. Ses pieds fleurtent avec l'humus... un avant goût...Son fauteuil affronte l'aube encore coincée entre ces deux cuisses obscènes qui étranglent la sortie de la vallée de leur végétation immobile.

       Il est ancré...

                            Dans les pas de l'aube

il attend l'invitée

Ce sera son dernier petit déjeuner à l'aube qui s'achemine

  Des oeufs frisés dans un beurre roux... un dernier plaisir qu'il ne goûte plus réellement, du haut de sa colline...

                           Dans les pas de l'aube, qui danse, qui se devine et finira par sombrer...... à moins que ce ne soit le voile gris qui cède la place à la lumière, se laissant ronger par la couleur?

        Ogier attend une invitée...

Le café fume mais Ogier ne peut encore le boire. Le peu de papilles que le cancer lui a laissé l'en empêche.      Ogier attend l'Invitée...                                               Elle viendra dans les pas de l'Aube...

 C'est convenu depuis si longtemps

 

    Sur un rameau, dans le taillis heureusement non "organisé" deux mésanges se piaillent au bec des arrangements problèmatiques.

      Sur leurs amours débutantes?

       Sur des divergences matrimoniales quant au nid ?

  Qui sait?

Qui saura?

     Ogier sourit lassement. En fait il attend son invitée...

  Des pétards éclatent...

   Les enfants se lèvent tôt...

Les pétards!  L'éjaculation des impuissants!

Pourquoi ce bruit inutile ?

      14 Juillet 1789. Savent ils seulement combien, déclarés traitres à la Nation,sont morts pour avoir préféré défendre leurs fils et donc leurs blés ?

      Savent ils que cette date a été fixée par des politiques déjà innefficaces et craintifs des révolutions quelques beaucoup d'années plus tard?

     Hochets... Hochets parmi d'autres pour fédérer dans la bêtise quand on ne sait plus conjuguer le verbe Agir que pour son propre intérêt...

    Le chat rôde...

                             dans les pas de l'Aube

     Il a vu les mésanges. Ogier n'a plus la force de se lever pour chasser. Il assiste et sa vie, peut être stérile, n'est plus portée par ses jambes. Le fatalisme lui interdit même de crier...

        Mais où est l'invitée ?

         Les pas de l'Aube s'estompent. Le jour point...

           Le rideau gris ne se décolore plus. C'est ce petit roublard de cercle rouge qui envahit les nues, foutant le feu à tort et à travers...

      Le café refroidit et ne tente plus Ogier

       Le chat s'empêtre dans les ronces...les mésanges sont sauvées...

A l'autre bout de la vallée les cuisses flasques de ces vertes collines laissent saigner un peu de lumière...

 Cette bouse verte, écrasée et écrassante d'Eté a ses régles !

        Ogier tâte sa tasse et ferme les yeux...il pourrait la boire.

                            L'' Invitée est là!

    Dans le pas de l'Aube elle est venue est s'est assise à table.

   Elle n'a pas eu besoin de s'annoncer. Ils se connaissent bien. Leurs amours sont anciennes mais ses grands yeux noirs l'impressionnent toujours.

    Comme deux vieux amants, sans se parler, ils regardent la vallée. Ils ne sont pas pressés. Le spectacle d' ailleurs est attristant et déjà les quelques toits moroses s'effacent mangés par la verdure tentaculaire. Elle a un frisson dégoûté et réajuste pudiquement son suaire...

      Ogier trempe machinalement les lèvres dans son café froid. Lui aussi sent l'emprisse de cette glue verte qui le cerne, l'entoure, l'étouffe. Il va lui échapper, voire peut être retrouver ses limites infinies des mers de son enfance...

                        Le chat a définitivement loupé les mésanges... grâce aux ronces!

          Dans les pas de l'Aube les remugles épargnés de ce médiocre village emboisé s'éveillent.  Mais les roses continuent de tâcher le talus de leurs larmes désespérées...

        Ce qui est beau n'est pas définissable   et Ogier sent les osselets de son invitée enserrer son poignet.

         Dans les pas de l'Aube son jour s'est levé........

 

                                                                                                        (Aout 2009)

 

 

 

Crime bête

 Il mourut bêtement... d'un éclat de rire en plein coeur

La tranche sonore se figea dans cette chair palpitante qui, deux heures avant se gonflait, se dilatait à lui déformer le thorax.

 

        Holà ! dit le Philistin, cet homme va exploser

Sauvons le ! Préservons l'Ordre public !

 

   Il envoya cette pique verbale dont la hauteur ne pouvant atteindre l'âme se contenta du coeur

 

                               Pierrot mourût bêtement.

 

   Le Bourgeois ignorait pourquoi ce rire

   Le pavé sympa épongea le sang

 

   Il y avait de beaux maquereaux bleus sur l'étal du poissonnier au marché de Montmartre ce matin  là............ 

 

17/05/09

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