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la pianiste

           On l’a trouvée par hasard. Menie faisait du saute bidon dans l’avenue de l’Opéra.

   Mal calculé le coup et    la moto n’est pas retombée sur le pavé. Elle a percuté le mur de l’ancien caf conc… Son crâne a gerbé de belles lignes rouges et s’est ouvert comme un pavot au printemps dans un choc filmé au ralenti.

      Le mur aussi s’est effondré…

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      Elle était là

      Seule…

      Assise au piano…

 Pas un bastringue…Un vrai d’Avant: gros, luisant, les ratiches en ivoire…

   Assise devant, elle jouait….

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Alors on est rentré….emmerdés, gauches… des canards dans une mare de pétrole !

  D’habitude les meufs ont les baise…on les éclate… c’est tout !

     Les copains dégueulent leurs bières en jouant à qui rote le plus fort…ça  couvre les cris et c’est marre…

  Là on se sentait con.   Pas banal !

 C’te nana !

Toute en lamé, blonde comme les blés d’Avant…. Sa voix !

     Comme un crochet raclant ta moelle au fond des os…lentement…insidieusement…

  Buzzy a cassé le rêve avec son rire de mémé qu’a paumé son caddy…

                Vise un peu la carlingue !

   Nous on a ricané…ricané …pas ri.

Ca grinçait dans les gonds….

Byzzy lui a chopé les endosses et l’a arrachée du clavier. Il a serré très fort. On a entendu ses osselets péter.

    Elle ne chantait plus….

Il y avait peut être eu de la lumière. Elle était éteinte…

Alors on l’a étendue sur le piano…

 Scretch lui a arraché son lamé….  Putain !

   Ce corps !  cette tâche fauve sur ce tablier noir ! Un coup de soleil sur le tranchant d’un carreau cassé !

 

Buzzy l’a prise en premier, gras, visqueux. Il s’est écrasé dedans comme un œuf sur un mur.

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  Puis Scretch, Tommy, Malcom, Moi…. Et les autres.

   Elle a rien dit.

Ca froissait les nerfs, grave !    C’te meuf pour pub sur le café noir qui s’emboutissait toutes ces queues sans broncher….

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  Je m’excitais

J’aurais voulu la loncher profond, jusqu’au gosier…

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Un cri !

De grâce !  un cri !

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 J’ai hurlé…j’ai lâché…j’ai chialé !

Je lui ai taillé un deuxième sourire en travers de la gorge.

Son corps est tombé sur le sol, glissement de plume sur le satin.

    Elle ne dirait jamais rien.

Sur le clavier une mare rouge, une malheureuse tâche de raisiné…seule.

On se sentait pas bien…gênés…

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Pourquoi ?

 

Mais je reverrai toujours cette gonze…devant son clavier…

Ces notes tristes…

Un rêve ?

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Madame….

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  Tiens ! c’est drôle c’est un mot qu’on n’utilise plus maintenant….

 

                                                                                                            12/04/84   ( modifié le 5 /06/14)

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